Réaction et résistance au feu des équipements intérieurs de bus

Réaction et résistance au feu des équipements intérieurs de bus

Lundi 11 Juillet 2022

Réaction et résistance au feu des équipements intérieurs de bus

Chaque année en France, 5 000 à 6 000 bus et cars neufs sont immatriculés.

La sécurité incendie dans les autobus fait partie intégrante de leur conception.

Pourtant, le risque existe : les incendies d’autocars sont relativement fréquents et provoquent des accidents partout dans le monde. Les principales causes (hors accident de la route) sont : une source de chaleur, des vibrations, l’usure des matériaux, un défaut de fonctionnement ou encore un manque d’entretien. De plus, les composants électriques se sont multipliés dans ce type de véhicule.

Après deux incendies de bus électriques à Paris en 2022, la RATP a choisi la solution de retirer 149 autobus de la même série de la circulation.

Pendant longtemps, les exigences de sécurité incendie des bus sont restées largement inférieures à celles des trains, avions ou navires.

Dès lors, de nouvelles normes de sécurité incendie ont été instituées.

Nous allons rappeler dans cet article ce que sont la réaction et la résistance au feu des matériaux de construction ainsi que les classes qui les mesurent, avant de nous intéresser aux normes européennes et aux certifications qui encadrent les risques d'incendie lors de la conception et de la construction des bus.

 

I-Réaction et résistance au feu : piqûre de rappel

Concernant les matériaux de construction des autobus et autocars, réaction et résistance au feu sont deux facteurs différents, tous deux extrêmement codifiés au niveau national et européen.

I-1 La réaction au feu des matériaux

La réaction au feu, qui correspond à la vitesse de mobilisation de la masse combustible de materiaux et sa contribution au développement de l’incendie »  c'est-à-dire sa capacité à alimenter un incendie, ainsi qu’à favoriser son développement.

I-2 La résistance au feu des matériaux de construction

La résistance au feu est le temps durant lequel un élément de construction (dans un navire, pont, pont principal, portes…) conserve ses propriétés physiques et mécaniques lorsqu’il est exposé à un incendie, ainsi que le temps durant lequel il joue son rôle de limitation de la propagation du feu.

La résistance au feu, c'est-à-dire le temps pendant lequel les éléments de construction (dans un navire, pont, pont principal, portes…) conserve ses propriétés physiques et mécaniques lorsqu’il est exposé à un incendie, ainsi que le temps durant lequel il joue son rôle de limitation de la propagation du feu. Les performances de résistance au feu évaluées au moyen d’actions thermiques prédéterminées sont exprimées en degrés ou classes. Ces degrés, ou classes, sont directement liés aux durées pendant lesquelles les produits, éléments de construction et d’ouvrages satisfont aux critères de performance retenus, en fonction du rôle qui leur est dévolu du point de vue de la sécurité.

En laboratoire, la résistance est analysée selon 4 critères :

  • Résistance mécanique
  • Étanchéité aux flammes et aux gaz chauds
  • Non-émission de gaz,
  • Isolation thermique

 

II- Sécurité incendie à bord des bus et autocars : la réglementation

Dans le code de la route, les bus et autocars appartiennent aux catégories M2 et M3.

La catégorie M2 englobe “les véhicules conçus et construits pour le transport de personnes, comportant, outre le siège du conducteur, plus de huit places assises et ayant un poids maximal inférieur ou égal à 5 tonnes”.

La catégorie M3 regroupe “les véhicules conçus et construits pour le transport de personnes, comportant, outre le siège du conducteur, plus de huit places assises et ayant un poids maximal supérieur à 5 tonnes.”

Ces catégories sont sous-divisées en classes : classe I : autobus, classe II : autocars avec des places destinées à des passagers debout, classe III : autocars avec places assises uniquement.

La sécurité incendie à bord des véhicules M3 (classés transports en commun) est régie par le règlement R-118 de la Commission économique européenne (ECE).

Ce référentiel comprend les Prescriptions techniques uniformes relatives au comportement au feu et/ou à l'imperméabilité aux carburants ou aux lubrifiants des matériaux utilisés dans la construction de certaines catégories de véhicules automobiles (autobus et autocars, catégorie M3 classés II ou III).

Il encadre les matériaux utilisés dans la construction des bus et autocars.

Le choix des matériaux utilisés dans la construction même des autobus et des autocars est primordial, dans des conditions où certaines matières sont plus combustibles que d’autres ou favorisent plus la propagation des flammes en cas d'incendie. La règle R-118 a pour but d’obliger les fabricants à choisir, tester et contrôler leurs matières premières afin de réduire au maximum les risques de départ de feu ou la rapide propagation des flammes et des fumées en cas d'incendie déclaré. Cette règlementation concerne le choix de la mousse utilisée pour fabriquer les sièges, les revêtements des sièges, l’habillage du toit, des parois et du sol de l'autocar ou encore, la matière des rideaux couvrant les vitres.

La sécurité incendie à bord des véhicules de type M2 et M3 est également définie dans le règlement R-107, qui encadre les caractéristiques techniques générales de construction des autobus et autocars.

Pour qu’un autobus ou un autocar soit homologué au niveau des normes de sécurité incendie, il doit correspondre aux critères techniques et aux solutions préconisées par ces règlements.

III-Les essais du CREPIM

Concernant la réaction au feu des différents matériaux présents dans le véhicule, le règlement R118 décrit 5 essais différents, tous réalisés de façon optimisée dans les laboratoires du CREPIM :

  • Annexe 6 : ISO 3795 - Essai visant à déterminer la vitesse horizontale de la propagation de flammes des garnitures intérieures,
  • Annexe 7: NF P 92-505 - Essai de gouttes pour matériaux fusibles visant à déterminer le comportement à la fusion des matériaux,
  • Annexe 8: NF EN ISO 6941 - Essai visant à déterminer la vitesse de combustion verticale des matériaux,
  • Annexe 9: Mesure de l’imperméabilité aux fluides,
  • Annexe 10: ISO 6722 - Essai de propagation de flamme sur câbles,
  • ISO 5658-2 : Essai de propagation de flamme (panneau radiant).

 

Les vitesses de combustion horizontale et verticale sont étudiées sur les matériaux intérieurs des bus (poignées, rideaux, garniture des sièges…) Tous les équipements sont analysés. Les ingénieurs s'assurent que des gouttes enflammées issues d'un matériau fondu ne se forment pas, sur les luminaires par exemple. Elles risqueraient de créer un foyer secondaire d'incendie.

En résumé

Le feu et les incendies constituent un enjeu de santé publique.

Dans le domaine du transport, les risques d'incendies à bord des autobus et autocars ne sont pas à négliger. Ceux-ci sont pris en compte dès la conception des véhicules avec le choix des matériaux.

Ces matériaux doivent être optimisés du point de vue de leur réaction au feu et de leur résistance au feu. Des classes et des normes françaises et européennes évaluent et codifient ces deux paramètres, à prendre en compte en cas d'incendie. La classe européenne Euroclasses doit servir de grille d'évaluation quant aux produits et matériaux de construction normés CE.

Les règlements R-118 et R-107 encadrent les matériaux utilisés dans la construction des véhicules de type M3.

Des essais sont effectués selon différentes techniques dans les laboratoires du CREPIM, officiellement habilité à procéder à ces tests. Le CREPIM donne ensuite ses préconisations et solutions en matière de sécurité incendie pour les fabricants de matériaux.